La Reprogrammation Posturale Globale POSTUROLOGIE Méthode BRICOT

Centre paramédical pluriprofessionnel à Laragne (05300)

La Reprogrammation Posturale Globale POSTUROLOGIE Méthode BRICOT

INTRODUCTION

Merci au Dr Bernard BRICOT pour son enseignement, au CIES ( Collège international de la Statique ) et au Dr Alain BAUJET .

(N.B.: toutes les photographies reproduites ici sont issues du cours du Dr. Bernard BRICOT)

Les patients que nous soignons en kinésithérapie, en ostéopathie ou autres thérapies manuelles présentent, pour la grande part, des pathologies du système locomoteur, qui vont de la tendinite, l’entorse, la gonalgie, à la lombalgie, la cervicalgie, la sciatique, la névralgie cervico-brachiale, la hernie discale, l’arthrose, etc..

Nous avons en France, une médecine qui est très symptomatique, qui considère les pathologies comme des fatalités et traite donc les symptômes et non les causes.

Et ceci dans de nombreux domaines de la médecine, mais plus particulièrement dans ces pathologies du système locomoteur, où nous réagissons toujours de la même façon aux problèmes qui nous sont présentés, douleurs – antalgiques, inflammation – anti-inflammatoires, arthrose – anti-arthrosiques (oraux ou en visco-supplémentation intra-articulaire), vertèbre bloquée – manipulation… et on ne se pose jamais la question de savoir POURQUOI il y a une douleur, POURQUOI il y a une inflammation, POURQUOI il y a de l’arthrose, POURQUOI la vertèbre ou l’articulation se bloque?

L’étude du système postural nous permet d’aborder ces problèmes de façon beaucoup plus étiologique et de tenir compte, entre-autres, de la composante bio-mécanique de ces douleurs.

Et si les pathologies du système locomoteur sont notre principal axe de travail, il n’est pas le seul, c’est tout un pan de la médecine qui est concerné par les pathologies du système tonique postural, et nous sommes probablement sur l’une des premières causes de dépense de santé.

PRINCIPE DE LA METHODE

Nous ne sommes pas faits pour être asymétriques, nous sommes anatomiquement conçus pour être symétriques…

Ces asymétries morphostatiques, ces déséquilibres posturaux, sont à l’origine de contraintes et de sollicitations anormales du système locomoteur, elles-mêmes à l’origine de ses pathologies.

Il ne viendrait pas à l’esprit d’un garagiste honnête de changer un pneu qui s’use anormalement sans traiter le parallélisme !  

Et pour nous ce n’est JAMAIS fait car ce n’est jamais pris en compte !

C’est le système nerveux, central et périphérique, qui commande les chaînes musculaires, pour lutter contre la gravité et nous équilibrer en permanence, par rapport à notre environnement, en fonction de toutes les informations sensorielles qui lui parviennent de différents capteurs.

Si nous sommes asymétriques, tordus, déséquilibrés, ce n’est heureusement pas le système nerveux qui est malade dans l’immense majorité des cas, mais les capteurs de ce système qui sont déréglés.

Contrairement à une idée fréquente, ce n’est pas que l’oreille interne qui nous permet de nous équilibrer et de nous positionner dans l’espace structuré qui nous entoure, mais il existe d’autres capteurs du système postural, avec en priorité le Pied et l’Oeil.

Depuis 1989, le professeur Jean-Pierre ROLL, directeur de recherche du CNRS de Marseille, parle d’AXE VISUO-PODAL, le Pied et l’œil étant les deux capteurs princeps du système postural.

Et en premier c’est le Pied, la peau du pied (qu’il faut respecter par des reliefs ne dépassant pas 2,5 à 3mm d’épaisseur maximum), juste derrière c’est l’œil, loin derrière le Muscle (le muscle est sensoriel, là aussi travaux de J.P.ROLL), et en dernier l’Oreille Interne qui est un accéléromètre.

L’œil est le niveau à bulle de la posture. Chaque oeil sert à voir, mais sert également à s’équilibrer, presque autant que les pieds, car ils adressent au système nerveux, périphérique et central, droite et gauche, des informations concernant toutes les horizontales et verticales qui nous entourent, tant par le biais de la vue (la réfraction, c’est l’extéroception de l’Oeil), que par le jeu des muscles oculaires (les quatre muscles Droits et les deux Obliques, c’est la proprioception de l’oeil).

Les troubles de la réfraction sont en général traités en ophtalmologie, mais l’asymétrie de tension des muscles oculomoteurs, elle, n’est que rarement recherchée, et va être responsable d’une asymétrie morphostatique compensatrice, avec, en général, asymétrie des muscles du cou (diminution de l’amplitude de rotation de la tête du côté de l’oeil hypoconvergent, attitude de tête en rotation et/ou latérocolie) et bascule et rotation des épaules du côté de la latéralité (c’est vrai pour environ 80% des droitiers et 70% des gauchers), retentissant bien sûr sur la colonne vertébrale, le bassin, les genoux, les chevilles et forcément sur les pieds, qui deviennent asymétriques, voire dysharmoniques (ils sont bien obligés de s’adapter).

Et cela fonctionne dans les deux sens (axe visuo-podal de J.P. ROLL), une asymétrie podale retentissant forcément sur l’ensemble du système locomoteur, jusque sur les yeux qui vont s’adapter et travailler de façon asymétrique, par les mêmes voies neurologiques, périphériques et centrales

De par sa structure, l’oreille interne (OI) analyse les accélérations ou les décélérations du corps, linéaires ou angulaires, mais est incapable d’être un référéntiel de gravité, de verticalité ou d’horizontalité. L’oreille interne sert à stabiliser l’oeil dans le regard, à garder une image fixe ou mobile en vision fovéale, et c’est un système de secours, en cas de risque de chute, car l’OI envoie dans ce cas des forces verticales (forces « Z ») lorsque les patients sont très instables et qui ancrent le sujet dans le sol. Mais l’OI est incapable de nous équilibrer par rapport à notre environnement.

C’est le contre-appui de la gravité, c’est à dire le Pied, et l’Oeil, qui code la vitesse, les déplacements, les verticales et les horizontales, qui permettent de nous équilibrer et de nous orienter par rapport à notre environnement.

Et tout ceci est prouvé dans le monde de la neuro-science depuis de nombreuses années, grâce aux travaux de J.P. ROLL, mais aussi, entre autres, ceux de Fitzpatrick, Mc Closkey, Mekner, Rademeker, les travaux du Collège de France, de l’association Gate and Posture qui regroupe les neurophysiciens qui travaillent sur le système postural… tous confirment l’existence d’un axe visio-podal!

Or, contrairement à l’oreille interne profondément enchâssée dans le massif pétreux, ces deux capteurs, le Pied et l’œil, se dérèglent facilement. Et lorsqu’ils se dérèglent, apparaît alors un déséquilibre (terme qui peut d’ailleurs prendre plusieurs significations) compensateur, une asymétrie morphostatique, qui est à la fois le reflet de la mauvaise calibration du système tonique postural, et sera à l’origine de contraintes et de sollicitations anormales du système locomoteur, à l’origine de pathologies de ce système, qui vont de la douleur à l’inflammation, à l’arthrose! 

Et tous les tissus du système locomoteur seront concernés par ce déséquilibre, les patients présentant, entre autres, des tendinopathies, des douleurs ligamentaires, articulaires (pieds, chevilles, genoux, rachis lombaire, dorsal, cervical, épaules), méniscales, discales, maladies dites de la croissance (maladie de Sever, d’Osgood Schlatter, Ostéchondrites, maladie de Schermann…)la liste est très longue, et les pathologies s’aggravent inexorablement avec l’âge et les différentes sollicitations de la vie quotidienne, sportive, professionnelle, tant que la cause n’est pas traitée !

Eh bien, le but de l’étude du système postural d’un patient, est de faire, après un interrogatoire précis, une analyse de l’asymétrie morphostatique dans les trois directions de l’espace, un bilan des différents capteurs afin de trouver celui ou ceux qui sont déréglés, de faire des corrélations entre l’interrogatoire, le bilan clinique et les capteurs, pour rentrer dans ce système et le recalibrer, afin de traiter des causes et non plus des symptômes !

INDICATIONS DE LA POSTUROLOGIE

Le plus grand recrutement de la posturologie regroupe évidemment les pathologies du système locomoteur, les gens qui souffrent, qui sont déformés, enfants, adultes, personnes âgées.

Le deuxième groupe rassemble les patients qui souffrent d’instabilité et de vertiges fonctionnels (d’où l’importance de consulter un médecin, pour faire un diagnostic différentiel et éliminer une pathologie organique, post-traumatique, tumorale, infectieuse, vasculaire, endocrinienne ou inflammatoire). Et il faut attacher une importance particulière aux équivalents mineurs d’instabilité: avez-vous des sensations d’ébriété, vous cognez-vous contre les angles des tables ou les montants des portes, accrochez-vous les vêtements aux poignées des portes, tenez-vous la rampe des escaliers pour les descendre, marchez-vous de travers sur les trottoirs, avez-vous peur de la vitesse, êtes-vous attiré d’un côté de la route lorsque vous conduisez, avez-vous facilement le vertige ou peur du vide, êtes-vous malade en voiture ou dans les transports ?…

Eh-bien tout ça, ce sont des signes d’instabilité! Un enfant maladroit, chuteur, un sportif qui fait des entorses à répétitions, une personne âgée (ou non) qui à l’impression d’être saoule, ce sont des instables! 

Troisième grand groupe de pathologies, les troubles de type cognitif, les troubles de l’apprentissage, scolaire, sportif, professionnel, les maladroits,

mais aussi les dysgraphiques, dyscalculiques, dysorthographiques… 

Sur ce triangle regroupant ces trois indications premières, vient s’en greffer un second, car nous allons nous intéresser aux migraines, aux hémicrânies et aux céphalées fonctionnelles. La reprogrammation posturale peut guérir environ 80% de ces pathologies fonctionnelles.

Autre grand groupe, les sportifs, pour lesquels la reprogrammation posturale va avoir un rôle tant dans la prévention que dans le traitement de leurs pathologies, mais elle va également leur permettre de récupérer plus vite en cas d’accident ou dans les suites d’une intervention chirurgicale. Un sportif qui ne récupère pas après chirurgie, c’est qu’il a été opéré sur un  déséquilibre postural, et non seulement c’est le déséquilibre postural qui est à l’origine de sa pathologie ou de son accident, mais c’est encore lui qui va l’empêcher de récupérer. Et enfin la recalibration posturale va permettre d’améliorer les performances du sportif.

Dernier grand groupe, les troubles psychiques, les troubles du caractère, le manque de confiance en soi, peur des situations nouvelles ou imprévues, syndrome de glissement de la personne âgée…

Une personne âgée qui souffre lorsqu’elle est debout, qui a peur de tomber, de descendre les escaliers, de sortir de chez elle, qui a des céphalées, qui ne peut plus lire, dont les images se dédoublent lorsqu’elle regarde la télévision, que fait-elle? Elle reste assise dans son fauteuil, en regardant dans le vide et c’est le syndrome de glissement! Et puis elle va se lever, elle va chuter, faire une fracture du col fémoral ou vertébrale, et va décéder dans l’année qui suit. C’est le suicide légal de la personne âgée ! 12000 morts par an à cause des chutes chez la personne âgée en France (et on n’enseigne toujours pas que l’oeil sert à s’équilibrer) ! 

Les personnes âgées, recalibrez leur posture (très souvent leur plan scapulaire antérieur), traitez leur les yeux, faites-leur rebaser leur appareil dentaire usé, et vous leur changez la vie !

PRINCIPES THERAPEUTIQUES

A chaque fois il faut recalibrer le système postural pour équilibrer les contraintes, traiter les causes et non pas les symptômes, et mettre le muscle dans notre camp !

Pour recalibrer, reprogrammer le système postural, il faut donc recalibrer les capteurs qui sont déréglés, avec toujours en priorité, le Pied et l’Oeil.

Pour le capteur podal, on va donc utiliser des semelles spécifiques qui vont à la fois équilibrer les chaines musculaires à partir du pied, grâce à une stimulation plantaire adéquate, et qui vont également, si besoin, traiter le facteur causatif du Pied, à condition qu’il y ait bien sûr corrélation entre le pied, le membre inférieur et le dos.

Pour le capteur oculaire, on peut utiliser des exercices oculaires et de l’orthoptie, ainsi que le port d’un aimant (en regard du muscle droit externe de l’oeil hypoconvergent), en respectant bien entendu les indications et contre-indications de chacune de ces thérapeutiques.

Il ne faut pas passer à côté d’une inégalité de longueur des membres inférieurs (IMLI), fréquente (près d’1/3 des patients, en moyenne entre 4 et 6mm), en sachant que ce n’est pas parce qu’il y a une bascule du bassin qu’il y a une jambe courte, que la radiographie n’a dans ce cas que peu d’intérêt, et qu’il existe des critères cliniques très précis pour affirmer une jambe courte.

Et, point très important en posturologie, il faudra maintenir les corrections un minimum de dix mois – 1 an, pour avoir un effet durable dans le temps, de façon à engrammer, imprimer, au niveau central et périphérique, les bonnes boucles de fonctionnement neurologique, délai de 1 an minimum nécessaire pour jouer sur la plasticité neuronale (3 ans pour avoir une empreinte génétique selon les travaux de Kendall). Et plus on maintient les corrections en place, plus on joue sur la structure. Les Italiens nous ont montré qu’après 3 à 5 ans de recalibration posturale, on diminue l’angle de Cobb d’une scoliose chez l’adulte. On s’adapte au déséquilibre comme on s’adapte à l’équilibre postural!

Mais il existe d’autres capteurs dont il faut tenir compte, en particulier:

– L’appareil manducateur : ce n’est pas un capteur au sens strict du terme, car il  n’envoie aucun renseignement sur notre environnement. Mais puisqu’il possède une  extéroception  desmodentale, une proprioception articulaire et musculaire, qu’il décharge  sur les mêmes  sites neurologiques périphériques et centraux, et qu’en plus de cela il met  en relation les  chaines musculaires antérieures et postérieures par l’intermédiaire du crâne, on peut le  considérer comme un capteur. C’est en tout cas un grand perturbateur  du système  postural. Mais si, dans 15% des cas, c’est l’appareil manducateur qui dérègle  le système  postural, dans 85% des cas c’est le déséquilibre postural qui dérègle l’appareil  manducateur, celui-ci n’étant alors qu’une victime du déséquilibre tonique postural.

 Il faudrait donc, avant de s’intéresser à l’appareil manducateur, traiter d’abord le Pied, l’Oeil et la jambe courte.

– Une cicatrice pathologique peut avoir des effets catastrophiques sur le système postural (une cicatrice pathologique est une cicatrice qui n’a pas la même couleur, la même  sensibilité ou la même structure que la peau environnante), et il faut savoir les dépister et  les traiter.

Bien sûr il faut également utiliser les techniques complémentaires qui travaillent en synergie avec la posturologie, comme la rééducation fonctionnelle bien entendu, le renforcement musculaire adapté, le stretching postural, la rééducation de type Mézière, l’ostéopathie, les manipulations vertébrales (prudentes et non douloureuses), les techniques de myothérapie, des fascias, la mésothérapie, l’auriculothérapie, l’auriculo-médecine, l’acupuncture, etc. etc..

Et il faut aussi parfois traiter le symptôme, en attendant que le traitement de la cause produise son effet, il arrive donc bien sûr de devoir utiliser des antalgiques (de pallier I, II ou III), des AINS, des corticoïdes, la visco-supplémentation, des infiltrations péri ou intra-articulaires…

Mais, hormis certaines rares pathologies purement traumatiques ou, peut-être, purement dégénératives (consécutives à un traumatisme, une chute, des gestes nocifs répétitifs par exemple), pour moi il est aberrant de penser traiter la cause d’une pathologie du système locomoteur avec ces seuls produits médicamenteux, tout comme il est aberrant de vouloir traiter un blocage ostéopathique dans le temps en « tapant une manipulation » sans avoir recalibré la posture, tout comme il est aberrant de vouloir traiter un trouble occlusal dentaire sans avoir recalibré le système postural avant, tout comme il est aberrant de faire de l’orthoptie sans recalibrer l’ensemble du système postural, tout comme il est aberrant de faire de la rééducation fonctionnelle sans avoir recalibré la posture avant, c’est aller à l’inverse de la logique !…

 Tout comme il est aberrant de travailler sur un système sans savoir comment il fonctionne, car le système locomoteur et le système postural sont indissociables, il ne peut pas y avoir de mouvement volontaire (qui vient du cortex frontal, passe par le système pyramidal et s’adresse aux fibres musculaire blanches, phasiques) sans mise en jeu du système tonique postural, involontaire (qui passe par le système extra-pyramidal, s’adresse aux fibres musculaires rouges, toniques et tonico-phasiques). 

La posture est un acte moteur, le geste, le mouvement, peut être considéré comme une succession de différentes postures, le système tonique postural intervient tout au long du mouvement, avant, pendant et après le mouvement, et si le mouvement est déviant, ce n’est pas le mouvement qu’il faut corriger en premier mais la posture!

Olivier BRISSE