Exposition italienne des bûcherons de la Ligurie dans le sisteronnais

Centre paramédical pluriprofessionnel à Laragne (05300)

Exposition italienne des bûcherons de la Ligurie dans le sisteronnais

Exposition : « L’immigration transfrontalière et forestière
dans les Alpes du Sud »

En ma qualité de membre actif du Comité de jumelage Sisteron-Fidenza et fille d’un bûcheron italien immigré de la Ligurie, au décès de mon papa, qui m’avait tant parlé de cette immigration, j’ai eu à cœur de faire connaître l’histoire de ces bûcherons pour leur rendre hommage et accomplir un devoir de mémoire.

A l’occasion de mes recherches je me suis rendu compte, qu’excepté quelques statistiques, on parlait très peu de ces hommes parce qu’ils étaient disséminés dans différents massifs forestiers et qu’ils se déplaçaient saisonnièrement et au gré des coupes de bois, ils étaient donc difficiles à suivre.

Pourtant ces immigrés ont laissé des traces importantes dans notre Département, car non seulement ils ont importé des façons de travailler. Ils ont notamment importé la technique des téléphériques en montagne. Mais ils ont aussi contribué à l’économie du pays d’accueil en s’y installant définitivement et même certains en créant des entreprises dont certaines existent encore car reprises aujourd’hui par leurs descendants. Un exemple avec la « Société alpine du bois » implantée à ce jour sur Salignac (04).

Le travail de recherche m’a demandé environ 4 ans.

J’ai d’abord commencé à lire les documents prêtés notamment par le musée de Salagon à Mane. C’est dans ce musée que j’ai trouvé des statistiques sur l’occupation du Département par les bûcherons immigrés. Données que j’ai ensuite retranscrites sous forme de graphiques pour que la lecture soit plus aisée et dynamique.

Mes relations professionnelles au sein du Conseil départemental m’ont permis de faire la rencontre d’Hélène Homps, Directrice du musée de Barcelonnette qui a tout de suite adhéré à mon projet. L’équipe de Mme Homps s’est également interrogée sur l’immigration piémontaise en Ubaye. En 2019 le musée a ouvert une salle dédiée à cette immigration, à laquelle le Comité de jumelage Sisteron-Fidenza a été invité. Je me suis donc inspirée de ces travaux pour réaliser ma propre exposition. Le musée a tenu à conserver des documents de séjour et de travail qui appartenaient à mon grand-père.

Mon exposition est illustrée par de nombreuses photos prêtées par des passionnés italiens rencontrés lors de mes recherches, dont principalement Anita Siri-Germain (Ses parents, issus du même village que mon papa avaient créé une scierie dans la Nièvre) ainsi que Michelangelo Pesce. Ce dernier a écrit des livres sur la vie de ces bûcherons et a créé un musée virtuel sur Internet que l’on peut retrouver sous le nom de « Il museo del bosco »

Contenu de l’exposition :

L’exposition comporte 8 panneaux

  • Panneau 1 : Evolution de l’immigration en France et dans le Sud Est de la France qui représente un résumé graphique de l’occupation de la région et du Département 04 par les bûcherons.
  • Panneau 2/ Type de colonies italiennes dans les Alpes de Haute-Provence : on découvre que les italiens immigrés s’installaient à des endroits différents selon leur spécialisation. C’est ainsi par exemple qu’on trouvait plutôt des bûcherons bergamasques et des Ligures dans des territoires plus boisés. Alors que les piémontais plus spécialisés dans la pierre se sont plutôt installés en Ubaye et autour du barrage de Serre-Ponçon
  • Panneau 3/ L’immigration des Urbaschi (nom donné aux bûcherons immigrés de la vallée de Urbe et Tiglieto en Ligurie). Des cartes géographiques permettent de situer cette vallée sur le territoire italien. Urbe est le village d’origine des familles Zunino, Patrone, Siri, alors que les familles Pesce et Minetto sont originaires de Tiglieto. Les communes sont situées à 18 km l’une de l’autre. Toutes ces familles sont installées dans le Sisteronnais. Entre les années 1930 et 1960 plus du quart de la population sisteronnaise était constituée par ces familles.
  • Panneau 4/ « Travaux et outils utilisés », décrit l’outil et précise son utilisation comme la hache pour équarrir le bois ou la scie de long pour faire des coupes longitudinales. Le maniement de ces outils nécessitait une expertise que ces immigrés avaient acquis.
  • Panneau 5 / Compétences et savoir faire
  • Un savoir faire particulier pour les toits en bois de châtaigniers dont la technique est expliquée dans le panneau. Le haut des bardeaux étaient troués pour pouvoir les retourner, 50 ans d’un côté et 50 ans de l’autre. Certains toits pouvaient ainsi durer plus de 100 ans.
  • Panneau 6 / mode d’habitation des bûcherons, conditions parfois difficiles surtout l’hiver, comme par exemple en 1953 près de Castellane où mon papa racontait qu’il avait trouvé le café et le pain gelé dans la cabane qui leur servait d’habitation. Quelle fierté de voir que la cabane construite au tout début des années 50 est toujours debout en 2022, ce qui prouve la solidité des travaux. Mais quelle émotion aussi d’imaginer comment ils avaient pu y vivre à 4 ou 5 personnes et par tous les temps.
  • Panneau 7 : « Activités et loisirs » j’y explique comment ils se ravitaillaient et comment ils occupaient leurs temps libre.
  • Panneau 8/ Je ne pouvais pas terminer l’exposition sans parler des documents administratifs exigés et souvent cités dans les témoignages.